Je n’ai pas envie d’écrire sur mes états d’âme aujourd’hui. Ça n’intéresse personne. En revanche, je ne peux pas faire l’économie de ma finitude, de ma mort qui approche à grands pas, dans un horizon de dix à quinze ans. Je me souviens comme si c’était hier de mon séjour à Genève qui remonte déjà à plus de vingt ans. Force est de constater que je n’ai plus rien devant, si ce n’est de faire tout ce qui est en mon pouvoir pour maintenir mon esprit en alerte pendant que mon corps décline. C’est la seule mission que je peux me donner. Je ne sauverai pas le monde, je ne laisserai probablement rien aux générations subséquentes, je ne remporterai pas le prix Nobel de littérature, mais la créativité, le seul fait de rédiger un texte et de le mettre en ligne me procure une certaine satisfaction, un léger bonheur, quoi. Bref, la création me rend heureux. Je sais bien que je ne suis pas lu par des milliers de personnes. Quelques centaines tout au plus et ce, pour certains billets seulement. Néanmoins, je pense à ceux qui me lisent, si peu nombreux soient-ils, et je me dis que j’entre en communion avec eux.
Continuer la lecture de « Pourquoi écrit-on quand on n’est pas un auteur reconnu ? »Sexe et genre : l’épreuve de la raison
Ce matin, l’animateur de la radio du matin à Radio-Canada a déploré qu’il n’y ait pas de case permettant aux personnes non genrées de s’identifier sur certains documents officiels, comme le permis de conduire du Québec, par exemple. Il a tenu ses propos comme si ça allait de soi, sans porter attention au fait que, sur les permis de conduire, il est fait mention du sexe des personnes, et non de leur genre. Encore une démonstration de la confusion que plusieurs personnes font entre le sexe biologique et le genre. Est-il besoin de rappeler que le mot anglais gender ne signifie pas genre en français ? Et qu’un mot de genre féminin ne signifie pas qu’il s’applique nécessairement à une personne de sexe féminin, comme sentinelle, par exemple ? Bon, il vaut peut-être mieux de ne pas s’aventurer sur ce terrain.
Tenons-nous au fait. Comme vous le savez, il y a deux sexes, un par personne (à l’exception de certaines personnes qui en revendiquent deux, mais il s’agit d’un cas sur un million), et non pas trois ou quatre. En revanche, il peut y avoir plusieurs genres, une bonne vingtaine si j’en crois la communauté LGBTQ+, le « plus » laissant la porte ouverte à d’autres possibilités de genre.
Écoutons à ce propos le philosophe français Dany-Robert Dufour :
Pour le dire autrement, il faut distinguer le sexe et le genre. Le sexe est biologique et relève du réel, et le fait que les êtres humains doivent se débrouiller comme ils peuvent avec cette donnée, qui ne leur convient pas toujours, cela s’appelle le genre. Lequel n’est pas une donnée réelle, mais une construction psycho-sociologico-discursivo-culturelle, qui relève de l’imaginaire et du symbolique.
Je suppose que l’animateur de radio aurait pu perdre son emploi s’il avait osé dire publiquement qu’il n’y avait que deux sexes, tout comme un savant du 15e siècle pouvait se retrouver sur le banc de l’Inquisition s’il prétendait que la terre était ronde. Cet animateur a sans doute raison de protéger ses arrières car, depuis la pandémie, il n’aurait pas été le premier à perdre son emploi dans les médias, surtout ceux qui sont financés par l’État. N’empêche que ça demeure un journaliste, pas le premier quidam venu, et on serait en droit de s’attendre à un peu plus de rigueur de sa part.
Personnellement, je ne suis pas opposé à ce que les autorités fassent mention, en plus du sexe, du genre d’une personne et ce, pour satisfaire les demandes de ceux qui estiment important d’inscrire ce type d’information sur un document officiel. À la limite, j’accepterais volontiers qu’on s’enligne sur l’administration fédérale qui a pris l’habitude d’ajouter une case « autre » en dessous des sexes. Mais je vais toujours considérer comme une épreuve à la raison de considérer que les êtres humains peuvent avoir plus de deux sexes. À mon humble avis, prétendre qu’il y a plus de deux sexes est du même ordre que prétendre que la Terre est plate, et non pas ronde. Cela contrevient aux lois scientifiques démontrées depuis de nombreuses années.
En cela, je rejoins Dany Dufour quand il écrit :
J’en déduis qu’on n’a plus le droit de dire qu’il existe deux sexes dans une grande université et qu’avec la déferlante woke nous nous rapprochons de l’entrée des terraplanistes et autres créationnistes à l’université.
Bref, admettre qu’il existerait plusieurs sexes biologiques constitue une épreuve à la raison. Je ne peux souscrire à cette hypothèse frivole. En revanche, je n’ai rien contre les genres, et j’éprouve de la compassion pour ceux qui souffrent en raison de leur identité de genre. Je suis une vieille personne, certes, mais je suis ouvert aux multiples possibilités offertes aux individus de vivre une sexualité satisfaisante, même si je comprends mal le besoin d’afficher publiquement ses préférences en matière de relations intimes. Après tout, la discrétion demeure une qualité, non ? Bon, il vaut peut-être mieux que je m’arrête ici pour aujourd’hui…
Référence : Dany-Robert Dufour. Le phénomène trans : le regard d’un philosophe. Paris, Le Cherche-Midi, 2023
Échiquier politique
J’ai de la difficulté à me situer sur l’échiquier politique. Pour certaines choses, je suis de droite, pour d’autres, je suis de gauche. Mais peut-être devrait-on repenser cette dynamique gauche-droite. Si je devais me définir, je dirais que je suis une sorte de traditionaliste conservateur. Suis-je de droite pour autant ? Non, parce que je ne supporte pas la liberté de faire des affaires au détriment du progrès social. D’accord, j’aime l’ordre, les uniformes, le civisme, la politesse, le respect… mais je déteste la discrimination, le racisme, l’injustice sociale en générale. Alors, que suis-je, donc ?
Continuer la lecture de « Échiquier politique »Dans un aire monitorée de l’hôpital
Je suis assis dans une aire monitorée d’un hôpital de l’est de la ville. C’est ainsi qu’on désigne les unités de soins pour les malades qui, après s’être présentés à l’urgence, sont mis sous observation. J’accompagne une proche qui y a passé la nuit, faute de chambre disponible. Il y a des appareils coûteux sur tous les murs, des aides soignantes, des infirmières, des médecins, mais pas de chambre disponible. Les malades sont donc entassés dans des petits espaces contenant un lit et une petite table, le tout séparé par un rideau, histoire de préserver un peu d’intimité aux occupants.
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Il y a peu de temps, un peu par hasard, j’ai vu sur YouTube un reportage de Radio-Canada sur la mort de Pauline Julien (1928-1998). Souffrant d’une maladie grave, elle s’est donnée la mort le 1er octobre 1998 à l’âge de 70 ans. Dans l’émission, un ami de la chanteuse prétend qu’on se souviendra d’elle pendant longtemps et qu’elle constituera un exemple pour les prochaines générations. Or, dans une quiz – assez stupide, je l’avoue – que j’écoute chaque jour de la semaine, cinq minutes avant le téléjournal de 18 heures, les participants devaient identifier Pauline Julien à partir de certains indices. Les jeunes personnes, hommes et femmes, qui se trouvaient là, pourtant des gens de théâtre et de télévision, donc des gens de culture, se souvenaient à peine d’elle, et la plupart ont été incapables de trouver son nom. Alors, vingt-cinq années après sa mort, une génération plus tard, donc, on l’avait presque oubliée…
Continuer la lecture de « Qui se souvient de Pauline Julien ? »Parler français : trois mots anglais à consonnance française
Il est facile de dénoncer un jeune qui place un ou deux mots anglais dans une phrase. Si vous avez remarqué, c’est ce type d’erreurs que cible la publicité gouvernementale. À mon avis, ponctuer une phrase de mots étrangers relève davantage d’un effet de mode que d’une méconnaissance de la langue française. Vous n’avez qu’à vous rendre en France pour le constater. Non, placer un mot anglais ici et là ce n’est pas aussi grave qu’on le laisse entendre. Par ailleurs, la situation s’avérait beaucoup plus catastrophique dans les années 1970 parce qu’en ce temps-là on ignorait les mots français correspondant aux termes employés pour désigner certaines choses, notamment dans le secteur de l’automobile : le volant, le pare-brise, le pare-chocs, etc. Moi qui ai travaillé dans une station-service pendant plusieurs années, j’en parle en connaissance de cause.
Continuer la lecture de « Parler français : trois mots anglais à consonnance française »La question de l’itinérance
Le monde est rempli d’hommes et de femmes qui, en face de l’itinérant, ne font jamais ce qu’il devrait faire ou, quand les choses tournent mal, ce qu’il aurait pu faire pour lui porter assistance. Ils ne le font jamais parce que, soit qu’ils n’en ont pas le temps, soit qu’ils n’en ont pas les moyens, soit qu’ils ne ressentent aucune empathie envers eux. En vérité, plusieurs d’entre eux n’éprouvent qu’une sorte de gêne devant les sans-abris, préférant poursuivre rapidement leur chemin et, par le fait même, chasser le plus rapidement possible les images dégradantes de l’humanité qui pullulent dans leur esprit. Car parfois, presque inévitablement, ils se disent : « Cela aurait pu être moi ». Ou pire encore : « C’est peut-être ce qui m’attend l’année prochaine… »
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Même si je n’adhère pas à la phraséologie révolutionnaire des felquistes, je ne peux m’empêcher d’éprouver une certaine admiration pour Paul Rose, le gars de Saint-Henri qui a vécu son enfance à Ville Jacques-Cartier, un bidonville au pied du pont du même nom. Pourquoi ? Peut-être parce que je comprends la volonté de ces hommes et ces femmes qui œuvraient à l’avènement d’un monde plus juste. Et je comprends surtout l’humiliation ressentie par ceux qui ont vécu sous un régime colonial. Par conséquent, même si certains mettent en lumière les agissements criminels de certains felquistes (bombes, enlèvements, meurtres – non prémédités, toutefois), je n’arrive pas à les condamner haut et fort comme le font ceux qui sont du bon côté de la clôture, ceux qui n’ont jamais manqué de rien et qui ne cessent de faire preuve d’arrogance envers leurs semblables moins bien nantis qu’eux.
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Je prends le temps ce matin de boire un café avant de reprendre mes activités, avant même de manger, car j’ai trop tendance à faire les choses par habitude, par automatisme. En cette période de Pâques, pourquoi ne pas laisser venir la faim au lieu d’engouffrer de la nourriture simplement parce qu’il est l’heure de le faire.
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