Dans un aire monitorée de l’hôpital

Je suis assis dans une aire monitorée d’un hôpital de l’est de la ville. C’est ainsi qu’on désigne les unités de soins pour les malades qui, après s’être présentés à l’urgence, sont mis sous observation. J’accompagne une proche qui y a passé la nuit, faute de chambre disponible. Il y a des appareils coûteux sur tous les murs, des aides soignantes, des infirmières, des médecins, mais pas de chambre disponible. Les malades sont donc entassés dans des petits espaces contenant un lit et une petite table, le tout séparé par un rideau, histoire de préserver un peu d’intimité aux occupants.

Le dévouement du personnel soignant ne fait aucun doute, et certains d’entre eux parviennent à nous faire oublier, pendant quelques instants, l’aspect sinistre du lieu.

Le plus difficile demeure la promiscuité, celle avec nos frères humains dont certains ont laissé leur dignité à la maison, à moins qu’elle n’ait jamais jugé utile de les habiter. Certains se raclent la gorge en s’efforçant d’émettre le plus de bruit possible. D’autres ne cessent de gémir, croyant sans doute susciter de l’empathie. Et d’autres encore, et ce sont les pires, réclament un verre d’eau, se plaignent qu’ils ont faim, comme s’ils se trouvaient dans un hôtel ou à bord d’un avion en classe affaires. On souhaiterait presque qu’ils ne passent pas la nuit…

Être malade dans ce genre de lieu exige une bonne capacité à intérioriser, à faire le vide en soi, à ignorer toutes influences extérieures. Si on n’y arrive pas, alors on a plus qu’à se doter d’un bon casque audio avec réduction active du bruit (NCR). On peut alors écouter sa symphonie sans se soucier de son environnement. Une façon comme une autre de s’en remettre entièrement à l’équipe de soins chargée de vous remettre sur pied, même si elle doit d’abord vous soumettre à une batterie impressionnante d’examens de toute sorte pour établir un diagnostic réaliste.

Après, ma foi, on s’en remet à eux et, parfois, à Dieu…