Les mots de la fin

Coup du ciel (Crash landing for you), série coréenne


Daniel Ducharme | Critiques | 2023-06-15


Au cours d'une période de moins de deux semaines, j'ai écouté une série coréenne sur Netflix intitulée Coup du ciel (2019-2020) (en anglais : Crash landing for you), une histoire d'amour entre un soldat nord-coréen (Ri Jeong-hyuk), un pianiste de concert devenu militaire, et une cheffe d'entreprise dans le monde de la mode (Yoon Se-ri). Celle-ci, lors d'une opération marketing en parapente qui a mal tournée, s'est retrouvée accidentellement dans la zone démilitarisée de Corée du Nord. Tombée là, au milieu de nulle part, elle est recueillie par des militaires et par leur capitaine, Ri Jeong-hyuk. Entre les deux, une subtile histoire d'amour nait sous nos yeux, une histoire tout en nuances, où jamais on ne s'embrasse vraiment, un signe du caractère pudique des Asiatiques, sans doute.

Coup du ciel

Tout sépare Se-ri et Jeong-hyuk. L'une est du Sud, issue d'une riche famille industrielle dont les enfants s'entredéchirent pour accéder à la direction de l'entreprise que le père compte laisser bientôt vacante. L'autre est du Nord, issue d'une famille politiquement bien vue par le régime totalitaire, mais constamment aux prises avec des luttes d'influence. À ce couple improbable et leurs familles s'ajoutent des personnages secondaires : les quatre compagnons d'armes de Jeong-hyuk, sa financée (même s'il ne l'avait pas vue depuis sept ans), les femmes du village de Corée du Nord où Se-ri vit clandestinement en attendant que Jeong-hyuk réussisse à la faire sortir du pays, et quelques autres. Les deux Corées, dois-je vous le rappeler, sont en guerre depuis 1950, et la Corée du Nord, considérée avec raison comme un État voyou, s'avère indiscutablement un des pays les plus fermés du monde, un pays à la tête duquel règne sans partage un dictateur, troisième du même nom depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale. On a donc affaire à une dynastie totalitaire. (L'un des deux Mickael, héros canadien dans le conflit commercial opposant la Chine et les États-Unis, avait tissé des relations culturelles avec la Corée du Nord. Que voulez-vous, on a les héros qu'on peut...)

Les neufs premiers épisodes se passent en Corée du Nord avec quelques flash au sud, notamment quand la famille de Se-ri, en particulier son frère cadet, multiplie les intrigues pour prendre la direction de l'entreprise familiale, même s'il doit pour cela payer des malfrats pour faire en sorte que sa sœur ne rentre jamais en Corée du Sud. Mais Se-ri finit par rentrer, envers et contre tous. Les ennuis ne s'arrêtent pas là pour autant. Quand Jeong-hyuk a vent d'un complot contre Se-ri, cela l'oblige à la rejoindre afin de la protéger contre un homme des services intérieurs, une véritable ordure qui cherche à se venger, espérant ainsi rentrer dans les bonnes grâces du régime. Jeong-hyuk est bientôt suivi par ses quatre compagnons d'armes qui débarquent à Séoul eux aussi, envoyés secrètement par le père de Jeong-hyuk, directeur du Bureau politique, qui leur confie la mission de ramener coûte que coûte son fils en Corée du Nord. Le passage de ces hommes au Sud sert de prétexte à des scènes cocasses et, malheureusement, parfois tragiques aussi. Lors d'une bataille rangée avec les sbires du commandant nord-coréen des services intérieurs, Se-ri a bien failli y rester. Mais dans les K-Drama (mot en usage pour désigner les séries coréennes), tout est bien qui finit toujours bien... et les deux protagonistes, Se-ri et Jeong-hyuk, finiront par se retrouver au bord d'un lac quelque part en Suisse, là où ils s'étaient déjà croisés sept années plus tôt.

J'ai un peu honte l'avouer, mais j'ai adoré cette série qui m'a fait verser des larmes à plus d'une reprise. Vous savez, Coup du ciel compte seize épisodes d'environ une heure trente chacun. Autrement dit, c'est comme si j'avais vu seize films en moins de deux semaines... Très honnêtement, je ne sais pas ce qui m'a pris. Comment ai-je pu me laisser envoûter par cette série ? Sans doute suis-je tombé sous le charme de la comédienne principale, Son Ye-jin. Sans doute aussi le contexte des deux Corées, que le réalisateur a somme toute dépeintes d'une façon beaucoup moins caricaturale que le font parfois certains journalistes occidentaux, ajoutait une toile de fond dramatique à cette romance. Je ne le sais pas exactement, mais je partage mon malaise par ce billet maladroit... Si vous avez un peu de temps (car il en faut!), allez regarder le premier épisode de Coup du ciel sur Netflix. On verra bien si vous êtes capable de vous arrêter là...

Coup du ciel (Crash Landing on You), série télévisuelle créée par Lee Jeong-hyo, Corée du Sud, 16 épisodes, 2019-2020, diffusée sur Netflix Canada (doublée et/ou sous-titrée en français)


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