Les mots de la fin

Le défi 500 : l'écriture au quotidien


Daniel Ducharme | Idées | 2023-01-15


L'année dernière, je me suis fixé un objectif personnel : écrire cinq cent mots par jour. Si vous tapez « écrire chaque jour » dans Google, vous allez découvrir de nombreux textes qui traitent de cette thématique. Certains l'associent à la tenue d'un journal, d'autres à une habitude zen destinée à vous calmer, à « saisir le moment présent », d'autres encore à la création littéraire. J'ai lu quelques-uns de ces textes, assez insipides en général, dont la plupart se situe dans une logique d'aide conseil, parce qu'il y a souvent un truc à vendre à la clé, même si le blogueur demeure discret sur la question. D'ailleurs je ne cesse de m'étonner du grand nombre d'écrivains, que je ne connais ni d'Ève ni d'Adam, qui se permettent de donner des conseils sur Internet. La littérature serait-t-elle devenue un marché prometteur, voire un objet de promotion pour des « influenceurs » ?

Je ne sais pas sur quel terrain je me situe par rapport à tous ces textes disséminés sur le Web. Ou peut-être oui, au fond. Probablement à mi-chemin entre l'habitude zen et la création littéraire. Un journal, j'en tiens un, c'est vrai, mais ça ressemble assez peu à celui que je tenais à l'âge de vingt ans, car aujourd,hui il s'agit davantage d'un dépôt de textes intimistes, un espace de sauvegarde de certaines idées, de certains ressentis, qu'un véritable journal dans lequel je tenterais d'effectuer ce « juste retour sur soi » qui, chez certaines personnes, peut s’avérer salutaire. Il est rare que je le consulte, d’ailleurs, ce journal. Il m'arrive parfois de le faire quand il s'agit de situer un événement dans le temps. C'est à peu près tout. Bref, il est dénué d'intérêt pour une personne tierce. Quant à sa valeur littéraire, elle est nulle, je vous l'assure.

Revenons à mon propos. Dans mon esprit, écrire chaque jour s'apparente à une discipline de vie et, dans un monde qui en manque cruellement, ça ne peut pas être tout à fait mauvais. Une discipline, donc. Comme le jogging, la marche à pied, On entraîne son corps, donc pourquoi ne s'entraînerait-on pas à écrire ? Par ailleurs, l'écriture est une pratique solidaire. Et moi qui se plains parfois - toujours à tort, remarquez -, de ma solitude, l'écriture au quotidien représente un bon moyen de la rendre plus agréable. Aussi n'aurais-je pas à la subir, cette solitude. Je l’accepte et, autant que faire se peut, je la transforme en avantage, en un moyen d'accroître ma créativité.

Que vais-je écrire ? À ce stade, est-ce si important ? Certaines personnes estiment qu'il ne sert à rien d'écrire si c'est pour écrire n'importe quoi. Je ne suis pas d'accord avec cette assertion, bien entendu. Certes, écrire chaque jour ne donne pas toujours les résultats escomptés. Il s'agit d'une écriture éclatée, un petit bout par ici, un autre par là. Parfois, même, la nécessité d'écrire chaque jour peut nuire à la concentration sur un seul et même projet, de sorte qu'on laisse des dizaines de textes inachevés, autant de projets remisés sur lesquels on revient rarement. Personnellement, ce n'est pas très important de finir ou pas un texte dans le cadre d'un défi d'écriture au quotidien. En revanche, sur la trentaine de textes écrits chaque mois, au moins deux ou trois seront retravaillés pour en faire un billet de blogue ou une micro fiction destinée à être publiée dans un recueil. C'est déjà ça, comme disent les personnes humbles avec sagesse.

Je vais donc relever le défi 500, celui qui consiste à écrire 500 mots par jour, beau temps mauvais temps. Et je vous en reparlerai.


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