Les mots de la fin

Asile


Daniel Ducharme | Mots | 2019-05-15


Anciennement, un asile était un lieu inviolable où se réfugiait une personne poursuivie. Plus près de nous, l’asile devient tout simplement comme un « lieu où l’on se met à l’abri, en sûreté contre un danger », d’où la référence au droit d’asile qui remonte au XVIe siècle en Occident. Mais l’asile est aussi un « établissement d’assistante publique ou privée » (Le Petit Robert, 2009). Au Québec, longtemps ce mot a été associé à la santé mentale, sans doute en raison de l’Asile de Saint-Jean-de-Dieu, hospice psychiatrique dirigée par les Sœurs de la Providence jusqu’au milieu des années 1960. Dans la foulée de la Révolution tranquille, il a pris ensuite le nom d’Hôpital Louis-Hyppolite Lafontaine en l’honneur de cet homme politique (1807-1864) parce qu’un pont-tunnel, construit à proximité des bâtiments, porte aussi le nom de ce personnage historique. Bref, en raison de cette histoire, l’asile est devenu un concept associé à la maladie mentale. C’est une erreur, bien entendu.

asile

Images : Musée McCord, collection Notman (#2157)

Aujourd’hui, en ce début du XXIe siècle, nous aurions tout avantage à restaurer cette notion d’asile et, par souci d’humanité, de l’appliquer de manière concrète à la réalité de notre société post-moderne. Cette réalité, ce sont ces milliers de sans-abris qui errent dans les grandes villes du monde occidental sans qu’ils aient un lieu à leur disposition. Un lieu où ces gens ne seraient pas mis à la porte le matin pour aller quêter la somme nécessaire au repas du soir et de la nuit qui s’ensuit.

À Montréal comme ailleurs, la notion d’asile devient une résurgence que les politiques auraient intérêt à considérer. L’application du droit d’asile aux déshérités, aux laissés pour compte, aux indigents, est une manifestation concrète de l’humanisme, de la solidarité humaine, et une voie vers le progrès social. Un toit, un lit et un repas, on n’en demande pas plus pour ces pauvres gens qui, par ailleurs, souffrent souvent de problèmes de santé mentale, problèmes tout aussi ignorés que leur droit à l'asile.


Revenir en haut de la page