Les mots de la fin

Contrition (la prière du soir)


Daniel Ducharme | Mots | 2017-09-15


Selon Wikipédia : « L’Acte de contrition est une prière catholique exprimant le repentir, la contrition. » Voilà un mot que les catholiques devraient connaître. N’avez-vous jamais récité l’acte de contrition ? Cet « acte » était souvent associé à la prière du soir quand on était enfant. Alors, si vous êtes né avant les années 1960, vous l’avez sûrement récité à plusieurs occasions… Pour rappel, voici à quoi consiste l’acte en question :

« Mon Dieu, j’ai un très grand regret de Vous avoir offensé, parce que Vous êtes infiniment bon, infiniment aimable et que le péché Vous déplaît. Je prends la ferme résolution avec le secours de Votre sainte grâce de ne plus Vous offenser et de faire pénitence. »

Pour valider l’authenticité de l’acte de contrition, celle-ci doit être suivie de la confession, ce qui implique une pénitence. Bref, avouer ses fautes n’a aucun effet s’il n’y a pas réparation. On aura compris que la contrition participe du repentir. Elle s’accompagne de remords sincères à l’endroit de la faute commise envers Dieu. Seulement envers Dieu ? Non, bien entendu. N’oubliez pas que, dans la tradition chrétienne, une faute commise envers un humble est ressentie comme telle par Jésus. Bref, quand on fait du mal à son prochain, c’est à Dieu qu’on en fait.

Il y a longtemps que j’ai cessé de pratiquer ma religion comme je le faisais du temps de ma petite enfance. En conséquence, je ne suis plus sûr de croire en Dieu et à tout ce qu’ensuit. En revanche, sans doute à cause de cette culture judéo-chrétienne qui a imprégné mon enfance, je ne peux que regretter cette pratique de la pénitence. Je sais, je risque d’en faire ruer quelques-uns dans les brancards, mais je pense qu’il y a un manque, un gap comme disent les anglophones, parmi nous, les jeunes comme les vieux. La pratique de la prière du soir − au cours de laquelle est souvent récité l’acte de contrition − avait ceci de bon qu’elle favorisait l’introspection chez les individus, qu’elle les obligeait à effectuer un juste retour sur soi − un retour sans compromis.

Il y a d’autres moyens de le faire, je sais. On peut prendre la marche du soir pour réfléchir un peu, à la condition de la faire en solitaire, bien entendu. La confession ? Il y a d’autres personnes qui peuvent nous écouter. À défaut, il y a des thérapeutes. Bref, plusieurs moyens s’offrent à nous pour effectuer ce retour sur soi qu’il ne faut pas confondre avec une fixation sur l’égo. La prière du soir n’est pas un égocentrisme de plus : elle place l’individu face à un absolu. Et elle est salutaire.

Par ailleurs, la prière du soir répond à la nécessité fondamentale évoquée par Socrate, et retranscrite par Platon, il y a plus de deux mille ans : « Une vie sans examen ne vaut pas la peine d’être vécue ».


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