Descendance
Daniel Ducharme | Mots | 2017-06-15
Le mot descendance indique « le fait de descendre d’une personne, d’une famille » (Le Petit Robert 1987) et, à ce titre, est associé à la lignée, à la postérité.
La notion de descendance renvoie souvent au nationalisme, notamment au nationalisme québécois qui s’évertue à mettre en valeur la fierté des origines populaires du bon peuple. À mon avis, le nationalisme est une affaire de mystique collective, une question de foi. Pour fonctionner en tant qu’idéologie, il a besoin d’offrir aux citoyens une représentation plausible d’un TOUT dans lequel chacun puisse s’identifier. Cela explique sans doute les nombreuses déviances comportementales auxquelles ce phénomène peut être associé : le fascisme, le racisme, ou plus simplement, la xénophobie, ce rejet de l’étranger en tant qu’il ne fait pas partie du TOUT collectif.
Au Québec, le nationalisme a échoué. Les citoyens d’ici ont perdu la foi, car ils ne pensent qu'à assurer leurs arrières. On se demande d’ailleurs ce qu’ils ont à « assurer » puisqu’ils ne font plus d’enfants depuis quarante ans. Quand on pense que cette bande de planqués que constitue la majorité des Québécois sont les dignes descendants des coureurs des bois, de ces gens qui partaient en canot pendant des mois, voire des années, à travers des contrées peuplées d'une mosaïque de tribus autochtones, qui partaient sans trop savoir où ils allaient et, surtout, sans savoir quand ils reviendraient, cela suffit à déconcerter les tenants purs et durs de la « descendance ».
Nous sommes devenus des planqués qui s’accrochent à la moindre parcelle de propriété que nous avons acquise grâce au sacrifice de nos aînés. Alors, dans ces conditions, il m’apparaît difficile de parler de descendance.
La notion de descendance, comme celle de racine, est à proscrire du vocabulaire de tout honnête homme au 21e siècle. On doit lui préférer la notion d'origines, notion beaucoup plus conforme au phénomène des grandes migrations du siècle qui font de nos pays ce qu'ils sont.